Histoires de traduction

La curation

Parce que je ne trouve pas ce mot joli, et que je n’ai toujours pas compris ce qu’il veut dire. Il était dans mes brouillons depuis septembre 2016…

Et aujourd’hui:

Donc acte: c’est quoi la curation ?

(Lpp lit – relit – rerelit – etc…)

En Français, curation est un terme médical ancien synonyme de guérison et, par métonymie, l’ensemble des moyens mis en œuvre pour amener la guérison, synonyme de  cure, traitement (curatif).

Cependant ce n’est pas tout: on trouve aussi curation ou curacion en vieux français, à propos de gestion de patrimoine (> curateur):

Mais voilà. Le sujet mérite plusieurs heures…limite un cours pour être à l’aise avec;  je ne peux pas extraire la substance moelle du concept sans paraphraser…

Je déclare donc forfait – et en réalité c’est ce que j’avais déjà fait en 2016 sans oser le dire – et je vous renvoie vers le Wikipédia qui est pas trop mal fichu:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Curation_de_contenu:

La curation de contenu (étymologiquement du latin curare : prendre soin et de l’anglais content curation ou data curation) est un néologisme en français correspondant à une pratique qui consiste à sélectionner, éditer et partager les contenus les plus pertinents du Web pour une requête ou un sujet donné. La curation est utilisée et revendiquée par des sites qui souhaitent offrir une plus grande visibilité et une meilleure lisibilité à des contenus (textes, documents, images, vidéos, sons…) qu’ils jugent utiles aux internautes et dont le partage peut les aider ou les intéresser.

La curation est également une manière rapide et peu coûteuse d’alimenter un site sans produire soi-même de contenu. Le contenu ainsi mis en avant permet non seulement d’alimenter le site — même si dans la plupart des cas le site renvoie sur la source originale — mais également d’obtenir un meilleur référencement du site de curation par les moteurs de recherche.

(Plus je lis et plus je pense que chacun des articles “fournis” de Lpp est de la curation:)

La curation permet de :

  • faire gagner du temps à l’internaute lors de sa recherche : le tri et la sélection d’information ont déjà été opérés et les résultats affichés correspondent exactement à la requête
  • donner du sens : les contenus sont organisés, rangés par thématiques, mis en valeur, éditorialisés.
  • faire émerger des contenus parfois ignorés ou peu accessibles depuis les moteurs de recherche

 

Pouce ! La suite – part. 1 –

Dans mon précédent post intitulé “Pouce !”, j’ai écris:

Donc, le « pouce ! » serait un dérivé de la demande de grâce du gladiateur, qui espérait de la part des spectateurs le pouce tourné vers la terre.

Ok… Mais c’est quand même marrant de constater que finalement aujourd’hui (et depuis au moins le 19ème siècle finalement), le geste a changé diamétralement de sens: le pouce en l’air pour la « grâce » !

Suite au commentaire de MS concernant le précédent article sur le pouce,  que je me permets de recopier ici:

Chers petits pois,
Quand vous aurez lu http://www.histoire-fr.com/mensonges_histoire_pollice_verso.htm
vous comprendrez que vous n’êtes pas sortis d’affaire.
Bon courage!

voilà quelques recherches supplémentaires… faut pas chercher Lpp…

Parce que citer Juvénal, c’est bien, savoir exactement ce qu’il a voulu dire, c’est mieux.

Et le problème est bien là: qu’à voulu dire Juvenal  dans sa satyre III:

Quondam hi cornicines, et municipalis arenae
Perpetui comites, notaeque per oppida buccae,
Munera nunc edunt, et verso pollice vulgi,
Quemlibet, occidunt populariter: indè reversi
Conducunt forcias.

 

Du coup je suis allée chercher des traductions du texte par des latinistes:  j’ai trouvé 2 écoles dans la traduction mais 2 points de vu plutôt ressemblants:

En 1825, M. V. Fabre de Narbonne traduit trop très simplement, en vers:

Du cornet des Tritons leur trompette rivale,
Jadis, de cirque en cirque, annonçait les combats;
Ces héraut ambulans, devenus magistrats,
Vont présider aux jeux sur un char magnifique,
Prêts à sacrifier à la faveur publique
L’athlète que condamne un funeste signal

mais ajoute une note:

Verso pollice. Le peuple ne faisait que montrer la main pliée avec le pouce sous les doigts pour indiquer qu’il accordait la grâce au gladiateur vaincu; pour le faire tuer il suffisait que le peuple montrât la main avec le pouce levé. Horace rappelle cette coutume dans ces vers. Fautor utrumque tuum laudabit pollice ludum.

Quelques années plus tard, en 1839, sous la direction  le M. Nisard, on trouve, en prose cette fois:

Ces gens autrefois joueurs de cor, éternel cortège des arènes de province, connus pour emboucher la trompette au sein des amphithéâtres, donnent aujourd’hui des spectacles: au pouce levé de la multitude, ils égorgent, pour lui plaire, le premier gladiateur.

Ainsi qu’un note:

Au pouce levé: Le gladiateur qui manquait de grâce en tombant sous les coups de son adversaire, ou qui ne faisait pas une résistance capable d’intéresser les spectateurs, était inhumainement sacrifié sous les yeux même de la multitude. Le pouce levé et dirigé vers lui, tel était, de la part des spectateurs, son arrêt de mort, arrêt qu’osait prononcer même la vierge modeste. Prudent., de Vestal: Pectus jacentis Virgo modesta jubet, converso pollice, rumpi.

Maintenant la question est: sur quoi s’appuyait on au 19ème siècle pour rédiger de telles notes ?

Je veux dire verso pollice ça veut littéralement dire “pouce tourné”, et nulle part j’ai pu lire chez les auteurs latin une indication de direction (tourné vers où ?).

 

De l’oisiveté à la douce oisiveté

Merci à MS pour son dernier commentaire.

Ce qui nous permet de constater qu’avec les 2 mêmes mots faire et rien, on peut aboutir à des concepts radicalement différents ;  le farniente et la fainéantise:

Mais pourquoi donc ces deux mots, qui paraissent étymologiquement semblables, sonnent pour l’un “positivement” et pour l’autre négativement dans notre cerveau ?

Pour le comprendre, nous devons revenir sur la vraie étymologie du mot farniente.

En effet ce mot, farniente, a été emprunté à l’italien;  mais de la langue italienne le Français (par fainéantise ?)  a fait un raccourci : en réalité le farniente français correspond au dolce far niente  italien ( > dolce = doux).

Le farniente italien  peut quant à lui se traduire par la simple oisiveté.

On a donc l’oisiveté ou la fainéantise d’un côté – concept/état négatif – et la douce oisiveté ou le farniente  (français) de l’autre  – concept/état positif -.


Image à la Une: Galathée , opéra-comique en deux actes, par MM. Jules Barbier et Michel Carré, musique de M. Victor Massé; Acte II, scène 1